LOI DU PROGRÈS

 

Pour obtenir la connaissance absolue de cette grande Loi du Progrès, nous devons faire remarquer que, quoiqu’elle soit assignée par le Créateur à la direction aveugle de l’infinie nécessité, de cet élément universel de la divinité, qui est opposé à son infinie liberté, à ce deuxième élément universel de la divinité, réglé à son tour par la Loi de Création, on conçoit que l’établissement de cette Loi du Progrès par le Créateur n’a pu se faire que par l’exercice spontané de sa liberté, et par conséquent par l’application de la Loi de Création qui règle cette liberté indéfinie. Il s’ensuit que la Loi du Progrès ou de Prédestination, que Dieu a fixée à la nécessité, pour le développement progressif de l’homme, n’est aussi que l’ouvrage de l’application de la Loi de Création à la direction aveugle de la nécessité, c’est-à-dire, à la réalisation du destin, préalable à la création de l’Univers. Et par conséquent, pour obtenir la connaissance absolue de la Loi du Progrès, il faut la déduire également de la Loi de Création, comme nous allons le faire.

 

TABLEAU GÉNÉTIQUE DE LA LOI DU PROGRÈS

[CE TABLEAU A ÉTÉ FAIT EN 1852]

(Résultant de l’application de la Loi de Création à la direction aveugle de la Nécessité, c’est-à-dire, à la réalisation du Destin, pour servir au développement progressif de l’humanité.)

A) Théorie ou Autothésie ; ce qu’il y a de donné dans la Nécessité pour l’évolution progressive des conditions de l’humanité.

a) Contenu ou Constitution du progrès.
a2) Partie élémentaire = Les sept Eléments du Progrès. (Ere des buts relatifs ; époque du Créateur ou de la Providence).
a3) Eléments primitifs ; buts individuels de l’humanité. = Temps des Patriarches et des Traditions.
a4) Elément fondamental ou neutre. (E.N.) Essence humaine.= Conditions de l’Humanité. (I)
b4) Eléments primordiaux ou polaires :
a5) Nature humaine. (E.E.) = Conditions physiques.(II)
b5) Liberté humaine. (E.S.) = Conditions éleuthériques. (III)
b3) Eléments dérivés ou organiques ; buts universels de l’humanité. = Temps des Peuples et de l’Histoire.
a4) Eléments dérivés immédiats ou distincts. = Buts positifs de l’humanité.
a5) Combinaison de l’Essence humaine avec la Nature humaine. (U.E.) ; but physique de l’humanité. = Bien-Être corporel ou de Sentiment. [Première révélation humaine]. (But sensuel ; première période des buts relatifs). (IV)
b5) Combinaison de l’Essence humaine avec la Liberté humaine. (U.S.) ; but éleuthérique ou en quelque sorte hyperphysique de l’humanité. = Bien-Être spirituel ou de Cognition. [Seconde création humaine]. (But intellectuel ; dernière ou quatrième période des buts relatifs). (V)
b4) Eléments dérivés médiats ou transitifs. = Buts négatifs de l’humanité.
a5) Transition du Bien-être corporel au Bien-être spirituel, ou du but sensuel au but intellectuel. (T.E.) ; Spontanéité humaine. = Sûreté publique, garantie de la Justice. [Première création humaine]. (But moral ; deuxième période des buts relatifs). (VI)
b5) Transition du Bien-être spirituel au Bien-être corporel, ou du but intellectuel au but sensuel. (T.S.) ; virtualité divine. = Moralité publique, garantie de la Dignité. [Seconde révélation humaine]. (But religieux ; troisième période des buts relatifs). (VII)
b2) Partie systématique. = Les quatre systèmes du Progrès.
a3) Diversité dans la réunion systématique des deux éléments primordiaux, les Conditions physiques et les Conditions éleuthériques de l’humanité. (Ere des buts transitifs ; époque du Destin ou de la Fatalité.) = Règne de l’Antinomie sociale. (Cinquième période du développement de l’humanité).
a4) Influence partielle de l’un dans l’autre de ces deux éléments.
a5) Influence des Conditions physiques dans les Conditions éleuthériques de l’humanité. (E. en S.). Réunion systématique des éléments passifs ou révélés de la première et de la troisième période. = Parti social du droit divin. (I)
b5) Influence des Conditions éleuthériques dans les Conditions physiques de l’humanité. (S. en E.). Réunion systématique des éléments actifs ou créés de la deuxième et de la quatrième période. = Parti social du droit humain. (II)
b4) Influence réciproque de ces éléments primordiaux ; harmonie systématique entre les Conditions physiques et les Conditions éleuthériques de l’humanité, par leur concours téléologique au Progrès. (C.F.). = Solution de l’Antinomie sociale (par la découverte du problème du Vrai absolu, pour le Parti du droit humain, et par la découverte du problème du Bien absolu, pour le Parti du droit divin). (III)
b3) Identité finale dans la réunion systématique des deux éléments dérivés distincts, le Bien-être de Cognition et le Bien-être de Sentiment, par le moyen de l’élément-neutre, l’Essence humaine, qui leur est commun. (P.C.) = Solution des susdits derniers Problèmes. (Ere des buts absolus ; époque de l’Homme ou de la Raison). (IV)
a4) Dualité finale du Progrès.
a5) Solution du Problème du Vrai absolu. = Découverte de la Vérité. [Réalisation de l’Absolu dans l’homme]. (Sixième période du développement de l’humanité).
b5) Solution du Problème du Bien absolu. = Préparation à l’Immortalité. [Réalisation du Verbe dans l’homme]. (Septième et dernière période du développement de l’humanité).
b4) Identité finale et conclusive du Progrès. (Identification de l’Absolu et du Verbe dans l’homme, pour opérer son Individualisation absolue. = Obtention de l’Immortalité par la Création propre de l’homme). (A l’heure de sa mort).
b) Forme ou Relation du Progrès. = Domination et Subordination alternatives de ces différents buts de l’humanité.

 

B) Technie ou Autogénie ; ce qu’il faut faire pour l’accomplissement de cette évolution progressive des conditions de l’humanité.
a) Dans le Contenu ou dans la Constitution du Progrès.
a2) Dans la partie élémentaire de cette constitution.
a3) Pour les éléments immédiats ou distincts :
a4) Accomplissement du Bien-être corporel ou de Sentiment. (I.U.E.). = Associations industrielles. (Compagnies, etc.).
b4) Accomplissement du Bien-être spirituel ou de Cognition. (I.U.S.). = Associations intellectuelles. (Académies, etc.).
b3) Pour les éléments médiats ou transitifs :
a4) Accomplissement de la Sûreté publique ou de la Justice. (I.T.E.) = Associations juridiques formantl’Etat.
b4) Accomplissement de la Moralité publique ou de la Dignité. (I.T.S.) = Associations éthiques formant l’Eglise.
b2) Dans la partie systématique de cette même Constitution du Progrès.
a3) Pour l’accomplissement de l’harmonie préétablie ou de la préformation primitive des deux éléments primordiaux, les Conditions physiques et les Conditions éleuthériques de l’homme ; préformation primitive qui offre les raisons suffisantes pour la solution de l’antinomie sociale. (R.S.) = Droit de la Vérité, comme principe absolu de l’Autorité politique et de l’Union-antinomienne des hommes pour réaliser, tout à la fois, et ce Droit de la Vérité, et ce nouveau principe de l’Autorité politique, comme préparation à la finale association morale des hommes, constituant leur Union-Absolue.
b3) Pour l’accomplissement de l’identité finale dans les deux éléments dérivés distincts, le Bien-être de Sentiment et le Bien-être de Cognition, par l’ascension à l’identité primitive des deux éléments primordiaux ; identité primitive qui, comme loi-suprême, constitue l’accomplissement de la Solution des deux derniers Problèmes, du Vrai absolu et du Bien absolu. (L.S.). = Association messianique ou Union-Absolue des hommes.
b) Dans la forme ou dans la relation du Progrès.
a2) Dans la partie élémentaire de cette relation ; accomplissement des éléments dérivés ou universels, en vue de l’uniformité de l’action de ces éléments, comme règle ou canon génétique du Progrès. (C.G.). = La présente Loi du Progrès.
b2) Dans la partie systématique de cette même relation ; accomplissement des parties systématiques du développement de l’humanité, en vue de son identité finale, comme problème-universel du Progrès. (P.U.) = Transition de l’état de moralité à l’état de messianité.

 


Ainsi, la Loi du Progrès se trouve établie immédiatement, et d’une manière absolue par la Loi de Création. Et il n’existe ainsi en principe, qu’une seule loi primordiale de Dieu, la loi de création, qui constitue conséquemment, tout à la fois, et la loi-suprême de la philosophie absolue, que produit la doctrine du Messianisme, et la garantie de la certitude apodictique, c’est-à-dire, de l’infaillibilité de cette doctrine absolue. En effet, toute cette doctrine du Messianisme est régie évidemment par la seule loi de création, et par conséquent, telle qu’est l’infaillibilité de cette loi divine, telle est aussi l’infaillibilité de la doctrine du Messianisme qui est établie par cette unique loi (Ce qui suit était destiné à un Extrait de l’Apodictique que Wronski voulait publier peu de temps avant sa mort. Cela n’ayant pas été fait, nous avons restitué cet Extrait à l’Apodictique - Note de Mme W.).

Or, c’est précisément pour constater cette infaillibilité de la loi de création, que nous venons d’alléguer les précédents exemples de l’application universelle de cette loi à la présente réforme de toutes les sciences, en fixant leurs principes premiers, leurs lois fondamentales, et leurs fins absolues. – Pour faire concevoir toute la validité de ces exemples, nous sommes forcés de porter humblement un défi, non-seulement à nos contemporains, mais à toute la postérité, celui de découvrir quelque autre loi unique et universelle qui, comme notre présente loi de Création, non-seulement embrasse toutes les sciences, ou plutôt tout le savoir humain, mais qui de plus en fixe les principes, les lois, et leurs fins, comme nous venons de le faire par le moyen de la présente loi de création. – Nous prévoyons en effet que le simple essai de réaliser cet Idéal du Savoir humain, donnera une espèce de vertige à ceux qui l’entreprendront avec toute autre loi que notre présente loi de Création qui seule se prêtera à cette décisive réalisation du savoir de l’homme. Et nous devons en conclure que tous ceux qui, de nos jours, ou dans tout l’avenir, entreprendront cet essai impossible, reconnaîtront alors l’infaillibilité en question de la présente loi de Création, dont il s’agit.

Aussi, est-ce uniquement pour obtenir ce grand résultat, et non pour prodiguer inutilement la science, que nous venons de produire ici, par anticipation sur notre Apodictique, ces nombreux exemples de la réforme des sciences par l’application de la loi de Création. Nous l’avons fait surtout pour constater ainsi, par l’infaillibilité de cette loi de Création, l’infaillibilité correspondante de notre loi du Progrès, que nous venons d’en déduire en dernier lieu, et qui est ainsi la base immuable sur laquelle nous établissons notre présente Philosophie absolue de l’Histoire. – Sans doute, le seul intérêt spéculatif de cette nouvelle philosophie de l’histoire, exigeait déjà un affermissement immuable de sa base. Mais, en considérant surtout l’intérêt pratique de cette philosophie nouvelle, en tant qu’elle doit découvrir, non-seulement la vérité des sinistres événements historiques présents, mais de plus la vérité de l’avenir prochain et peut-être terrible du monde civilisé, on comprendra que nous devions déployer une irrésistible puissance du savoir, pour en laisser induire que la vérité existe déjà sur la terre, et pour apporter la conviction aux principaux acteurs de ce sombre drame présent de l’humanité, et surtout aux hommes éclairés qui sauront comprendre ces graves vérités.

 


(Voyez, 2ème Partie, page 293 jusqu’à la fin de l’Historiosophie, où se trouve établie, en résumé, la nécessité de l’Union-Absolue, et son mode d’influence spéculative, qui ne doit agir sur la raison humaine que par la publication pure et simple de la vérité.

Cette fin de l’Historiosophie est très-significative et doit être consciencieusement appliquée). (Mme W.)


 

Connaissant la construction génétique des deux lois primordiales de Dieu, abordons maintenant l’Apodictique elle-même, et rappelons-nous, avant d’entrer dans ce sanctuaire de la Vérité absolue, les dernières recommandations de l’auteur :

……. "Pour obtenir, d’une manière approfondie, la connaissance de la loi de Création, il faut scruter le Prototype ou les sept Ordres progressifs de la création de l’Univers, surtout le premier de ces Ordres distincts, celui qui présente la création propre de Dieu, où le mode de cette production suprême est nécessairement, comme principe de toute réalité, l’auguste loi de Création elle-même." (Historiosophie, 1852).

 

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